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Ragnar Kjartansson est l’« artiste-héros » de Barbican


Une sculpture-logo trône en haut de l’entrée principale un peu comme un avertissement : ‘Scandinavian Pain’, douleur scandinave. L’art islandais dans les galleries d’art du Barbican de Londres ? Je m’attendais à tout ! Sans doute à de l’art abstrait mélangé à de perturbantes provocations ! L’entrée de cette exposition n’en est pourtant rien. Souvenez-vous plutôt du plus bel incipit d’un livre que vous avez lu et que vous avez aimé.

Une douce musique résonne là où les visiteurs achètent leurs tickets. Formidable ! La musique est-elle présente partout ? La réponse est oui ! En direct, en vidéo, en audio, la musique est là. Elle est harmonieuse en plus ! Ragnar a travaillé sur la musique, la répétition et l’endurance. Il a demandé à des artistes de jouer plusieurs heures d’affilée. Les spectateurs aperçoivent une performance artistique originale dans la première salle où 10 musiciens jouent 8 heures de suite. A la manière des troubadours, ils chantent des mantras lyriques qui bercent un public réjoui mais un peu intimidé quelques fois d’empiéter sur un espace où des guitaristes ambulants se croisent sans vraiment interagir. Ils ne jouent pas la même chose mais ensemble et ils ne s’arrêtent jamais. Au même moment, une vidéo est projetée sur le mur « Take me Here by the Dishwasher: Memorial for a Marriage (2014)» met en scène les parents de Ragnar et la confusion de la réalité et du fantasme, tout ça est étonnant.

La deuxième salle l’est d’autant plus, 9 écrans géants dotés de baffles individuels et la projection de plusieurs musiciens qui jouent seuls à l’écran mais ensemble pour le spectateur. Un concert stupéfiant, une musique répétitive mais jamais ennuyeuse, il y a tellement de choses à regarder. « The Visitors » (2012), c’est le nom de cette performance-là. Les salles se suivent et ne se ressemblent pas. Peintures, dessins, maquettes, opéras, Ragnar a su s’entourer d’artistes tout aussi performants pour un résultat polyvalent, notamment le compositeur Kjartan Sveinsson, ancien membre du groupe rock Sigur Rós. Les thèmes abordés sont multiples : l’amour, la personnification de la mort racontée aux enfants, l’humour, l’immobilité, Ragnar se déguise souvent pour le bien de ses performances. Fantassin ou crooner hollywoodien, il chante ‘Sorrow Conquers Happiness’, la tristesse vainc le bonheur et il célèbre la figure romantique de

l’artiste-héros.

Une très belle initiation à l’art islandais pour ceux qui ne le connaissaient pas encore. Ragnar Kjartansson est né à Reykjavik de parents acteurs qu’il n’hésite pas à recruter pour ses œuvres. Nous retiendrons son projet ‘Me and My Mother’. Quatre écrans montrent simultanément des vidéos filmées à différentes périodes, dans les années 2000, 2005, 2010 et 2015. Le lieu est le même à chaque fois, un salon en arrière-plan, celui de la maman de Ragnar, et les objets sont les mêmes aussi Ragnar et sa mère qui regardent la caméra quand soudain sa mère lui crache au visage. Absurde et très drôle en fait, il faut le voir pour le croire. Les chanceux découvriront la nouvelle addition de l’exposition visible le week-end uniquement, et si la météo le permet, côté ‘Barbican Lakeside’. Jusqu’au 4 septembre, à voir absolument !

photo: Exhibition installation view Barbican Art Gallery 14 July - 4 September 2016© Tristan Fewings/ Getty Images Courtesy of the artist, Luhring Augustine New York and i8 gallery Reykjavik

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